L’accumulation d’expériences professionnelles courtes sur un CV est souvent interprétée comme une forme d’instabilité par les employeurs, même s’il y a de bonnes raisons… Cela peut être un vrai handicap lors de la recherche d’un CDI. Il faut donc intégrer ces informations pour faire les bons choix de carrière. Mais attention, les règles ne sont pas les mêmes selon les métiers.
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Commerce : ceux qui changent n’ont pas le temps d’acquérir de l’expérience
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les commerciaux qui changent trop souvent d’entreprise peuvent aussi être sanctionnés par les recruteurs. Un commercial qui passe entre deux voire trois entreprises en deux ans, selon Antoine Lecoq, directeur général de Page Personnel, est mal vu par l’employeur. « Ce sont rarement les meilleurs candidats », constate Didier Perraudin, PDG d’Uptoo, cabinet de recrutement spécialisé dans les fonctions commerciales. Les entreprises n’en veulent pas ». La raison ? Ils n’ont pas le temps d’acquérir suffisamment d’expérience. Comme monter le portefeuille qui vous a été confié, ou bien réaliser le développement commercial pour ouvrir un point de vente.
En revanche, pour les commerciaux ayant des clients distants, le changement régulier d’entreprise n’est pas rédhibitoire dès la consultation du CV.. « Nous sommes conscients que ce n’est pas toujours un travail facile et qui peut parfois être plus épuisant que d’autres. Le recruteur tolère donc plus les candidats qui ont régulièrement changé de box », donne en exemple Marine Crovella, responsable des ressources humaines au sein de la fintech Younited Credit.
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Finance : l’entreprise ne confie pas ses comptes à n’importe qui
Les candidats « en mouvement » sont également mal vus du côté des finances. Comptables, contrôleurs de gestion ou encore financiers, ils n’ont pas intérêt à changer trop souvent d’entreprise. Au bout d’un an et demi, ils sont catalogués comme job hopper**, selon le directeur de Page Personnel. « C’est court pour voir les résultats. De plus, l’employé des finances gère des données confidentielles. L’entreprise ne souhaite pas lui confier la gestion de ses comptes s’il envisage de ne pas rester », explique Antoine Lecoq. Une étude de Robert Half publiée en mars 2015 a même constaté qu’après trois emplois en dix ans, c’est trop. D’ailleurs, 83% des recruteurs se disent prêts à éliminer un candidat sous prétexte qu’il est un job hopper.
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Les développeurs sont les seuls job-hoppers tolérés
Les développeurs sont l’exception à la règle. Peu importe combien d’années ils ont été dans l’entreprise, les employeurs ne les jugeront pas là-dessus. Ce qui compte, l’aboutissement du projet qui leur est confié. « Et une fois celle-ci terminée, la question du changement d’entreprise peut se poser », affirme Antoine Lecoq. L’objectif est d’acquérir plus d’expertise. « Ils veulent toujours être à l’avant-garde et ne pas passer à côté de nouveaux produits », explique Marine Crovella, sachant que le monde technologique dans lequel ils évoluent devient rapidement obsolète. Surutilisé à l’extérieur, les développeurs peuvent aussi négocier de très bons avantages sociaux et une augmentation de leur salaire.
** Job hopper, ou job zapper, personne qui change régulièrement d’entreprise.